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Les Kanbans, et l'art de ne pas choisir
X — Mais, ce kanban est vraiment facile, je suis sûr que je peux le faire en moins de quinze minutes.
Moi — Entièrement d’accord : moi aussi, je suis sûr que tu peux y arriver. Mais le tableau des kanbans te dit autre chose, n'est-ce pas ?
X — Je sais, il est en deuxième position. Il y a un autre kanban tout en haut de la pile.
Moi — Et...
X, désenchanté — Je suppose que c'est celui sur lequel je dois travailler tout de suite. Mais il y a un problème quand même : je ne sais pas combien de temps cela va prendre. C’est un de ces kanbans « bac rouge », on ne sait jamais si c'est une correction de 5 secondes ou une plongée en apnée de 2 heures dans un code ancien et obscur.
Moi — Et dans quel cas va-t-on apprendre le plus ?
X — Facile... Le plongeon de 2 heures. La correction de 5 secondes est généralement une simple condition dont quelqu'un a oublié l'existence : il suffit d’en regarder les traces dans le fichier de logs pour avoir une idée de la méthode qui doit être corrigée.
Moi — Cette catégorisation « 5 secondes / 2 heures » est-elle la même pour toi et pour le reste de l'équipe ?
X — Bien sûr que non. Par exemple, si c'est lié à du Javascript, c'est généralement des trucs de « 5 secondes » pour M…
Moi, en train de rire — Et un cauchemar de 2 heures pour moi.
X — Mais que faire si je suis vraiment coincé.
Moi — Nous avons déjà parlé de l'autre bouton, n'est-ce pas ? L’« andon » orange, juste à côté de « bac rouge ».
X — Mais si je clique dessus, je vais interrompre quelqu'un d'autre...
Moi — C'est justement le but : s'assurer que tu peux attirer l'attention de n'importe qui dans l'entreprise pendant que tu traites ta part de problèmes ou de bugs potentiellement difficiles, en améliorant tes compétences et en apprenant de nouvelles manières de faire quand c’est nécessaire.
X — Tu veux dire que c'est un privilège d'être assigné à ces kanbans « bac rouge » ?
Moi, en souriant — je n'y avais pas pensé de cette façon, mais je suppose que oui…
Parler aux gens et aux pièces pour avancer sur un kaizen
X — Je suis tellement content qu’on puisse se voir pour notre premier gemba de l’année : j’ai déjà commencé à travailler sur mon kaizen annuel et je suis impatient de te montrer ce que j’ai déjà fait.
Moi, emballé — Super, moi aussi j’aime bien sentir l’énergie d’une nouvelle année et d’un nouveau kaizen. Alors pour qu’on soit bien aligné, quel est le problème qu’on souhaite craquer avec ton kaizen ?
X — « Comment mieux outiller les développeurs ? » Avec comme point de départ les procédures d’import : quand un nouveau client arrive sur nos systèmes, il faut ajouter toutes ses équipes, tous ses projets, etc. On doit pouvoir faire mieux qu’un script fait à la main pour chaque cas.
Moi — Et qu’est-ce que tu as fait alors ?
X — J’ai commencé par renommer le dossier « cli » en dossier « imports » : au moins c’est plus clair dans mon esprit. Et puis j’ai créé une nouvelle méthode dans notre bot qui permet de définir plus précisément le client quand on est prêt à faire l’import sur les serveurs de production. Je m’étais brulé les doigts sur cette étape précise quand j’avais eu mon premier (et dernier d’ailleurs) import à faire.
Moi — Ou la la, c’est peut-être allé un peu vite en besogne. Est-ce que tu t’es posé la question pourquoi le dossier s’appelait « cli » ?
X, désarçonné — Est-ce si important ? Je sais qu’il sert pour les imports !
Moi — Est-ce que tu sais à quoi correspond l’acronyme CLI dans le jargon informatique ?
X — « Command Line Interface » : c’est une interface en mode texte qui permet de lancer des scripts ou des programmes, souvent d’assez bas niveau, typiquement par des développeurs ou des administrateurs-systèmes.
Moi — Et alors qu’y a-t-il dans ce dossier « cli » ?
X — Tu veux qu’on aille voir maintenant ? Moi, je souhaitais juste te montrer mon dossier « imports » et surtout les évolutions que j’ai apporté à notre bot.
Moi, essayant de ne pas paraître trop cassant — Oui.
X, après avoir ouvert son ordinateur — Alors, c’est facile : des scripts, pour certains accompagnés de fichiers Excel en plus.
Moi — Et à quoi ça te fait penser ?
X — J’imagine que les scripts avec un fichier Excel correspondent aux imports. Mais pour les scripts seuls, aucune idée.
Moi — On continue à creuser alors ? On les ouvre ces fichiers ? Peut-être qu’on comprendra quelque chose.
X — Donc : des modifications en masse d’affectations à des projets, de niveaux d’accès ou de responsabilité, des archivages d’utilisateurs ou de dossiers, et même un cas de modification automatisée de la configuration. Il y a un peu de tout !
Moi — Et alors ?
X, surpris — C’est beaucoup plus vaste que les imports que j’avais en tête !
Moi — Et alors ?
X, dépité — Mon dossier « imports » ne sert à rien. Et j’imagine que pour mes évolutions sur le bot, c’est pareil.
Moi — On aurait effectivement pu commencer par explorer comment sont faits les imports actuellement, poser la question à ceux qui en ont fait dernièrement, documenter précisément l’ensemble du processus, tenter de le répliquer. On aurait alors eu un standard à améliorer par la suite.
X, surpris — Je n’avais jamais imaginé qu’un kaizen implique d’aller voir des gens spécifiquement. J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’un outil de développement individuel et personnel.
Moi — Ne t’inquiète pas, tu n’es pas le premier à avoir une conception erronée d’un outil Lean. Malheureusement… Mais revenons à nos moutons, est-ce que tu sais qui a fait les dix derniers imports ?
X — Ça risque d’être compliqué : déjà moi, j’ai du mal à me souvenir de ce que j’ai fait la semaine dernière. J’imagine qu’aucun membre de l’équipe ne saura me répondre précisément.
Moi — Est-ce que tu as déjà parlé aux pièces ?
X, interloqué — […]
Moi — Pardon, je m’emballe. Est-ce que tu as déjà parlé avec le dossier « cli » ? Je suis sûr qu’il aurait des choses à te dire.
X — Et comment veux-tu que je lui parle ? Il n’est pas connecté à ChatGPT à ce que je sache.
Moi — Certes, mais je crois qu’il peut répondre quand on lui pose des questions qu’il comprend. Par exemple avec un git log
.
X — Ah ah, c’est sûr qu’avec une telle commande, ça devient évident. N’importe quel répertoire peut répondre puisque Git stocke toutes les modifications. C’est donc ça « parler aux pièces » ?
Moi, évasif — Entre autres, entre autres…
Un café salé
Rien de neuf chez No Parking !
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