Le jeudi 1er février 2024, j'ai eu le privilège de participer à la Journée de l'Écoconception Numérique, un événement organisé par Les Designers Éthiques.
Cette association, axée sur le numérique et le design, s'engage activement dans la promotion d'une approche éthique du design numérique. Elle met en avant le rôle essentiel du design dans la création de services numériques tout en soulignant les défis personnels (vie privée, attention, accessibilité) et collectifs (démocratie, environnement) posés par le numérique. L'objectif clair des Designers Éthiques est de contribuer à un numérique durable, responsable et propice à l'autonomie individuelle. Leur action se manifeste à travers la recherche, la formation et la création d'exemples concrets illustrant des choix responsables en design.
La journée comprend cinq conférences, une table ronde et six ateliers. J'aimerais partager avec vous l'expérience que j'ai vécue durant les conférences auxquelles j'ai assisté. Elles m'ont beaucoup marquées, offrant une diversité de perspectives grâce aux profils variés des intervenants.
"Apple, ils sont capables de comprendre le fonctionnement complexe de l'être humain mais ils sont incapables de nous fournir leur chaîne d'approvisionnement."
La première conférence, Pour une écologie décoloniale du numérique présentée par David Maenda Kithoko, met en lumière les conditions de travail précaires des travailleurs et travailleuses congolais.e.s dans l'industrie minière liée à nos outils numériques. Alertant sur la guerre en République Démocratique du Congo et l'esclavagisation de ces travailleur.euse.s, cette conférence nous met une claque : il est urgent de revoir nos modes de consommation numérique.
La conférence suivante, Perception de l'obsolescence et design de paramètres écologiques , animée par Thomas Thibault et Léa Mosesso nous pousse à la réflexion : peut-on continuer d'utiliser un smartphone obsolète ? Comment les marques qui développent des smartphones peuvent-elles intégrer des paramètres liés à l'écologie dans leur interfaces pour nous permettre de limiter notre consommation d'outil numérique ? Questions auxquelles ces deux conférencier.ère.s tentent de répondre, grâce d'abord à une enquête auprès de 18 personnes qui veulent faire durer leur matériel numérique, puis à une analyse poussée pour montrer que modifier les interfaces pour changer nos habitudes, c'est possible.
Gérer la dette technique lors de la reprise d’un projet informatique : comment réduire son impact ? , par Anaïs Altun et Sandrine Ricardo de l'entreprise PathTech, apporte des enseignements pratiques sur la gestion de l'impact environnemental du code informatique, soulignant l'importance de traiter cette question progressivement pour améliorer l'expérience professionnelle.
"Faire le ménage une fois par mois dans sa maison prendra des heures et peut être démotivant, alors que le faire un petit peu chaque jour, c'est plus facile."
Conférence d'autant plus intéressante que le sujet de la dette technique touche directement plusieurs corps de métier au sein de la même entreprise. Anaïs et Sandrine réussissent alors l'impossible : donner l'impression aux designer.euse.s comme moi qu'ils et elles peuvent avoir un impact sur le code.
Avant la pause déjeuner, c'est le débat mouvant. Plusieurs personne montent sur scène, sur laquelle sont projetés une question, "d'accord" d'un côté et "pas d'accord" de l'autre. Tous le monde a participé avec enthousiasme et cela a permis de savoir comment les personnes qui s'étaient déplacées jusqu'à la conférence voyaient l'écoconception. Encore une fois, on a le sentiment d'être réellement inclus dans le débat, je ne me sens ni délaissée, ni spectatrice. C'est stimulant !
Durant la table ronde Faut-il mesurer l'écoconception ? Et comment ? , Benoît Petit, Thibault Dugast, Yannick Tremblais et Louise Aubet soulignent l'importance de comprendre pourquoi mesurer et se concentrer sur la réduction d'impact plutôt que sur une évaluation constante.
"On mesure, mais la vérité c'est qu'il faut réduire dans tous les cas : la question c'est 'à quoi on renonce pour limiter notre impact ?'"
Simon Vandaele et Nathalie Suze présentent Écoconception de sites web publics accessibles : cas pratiques . Il et elle passent en revu des sites institutionnels écoconçu et partagent avec nous leurs manières de créer des sites écologiques et accessibles pour réduire son impact environnemental, limiter la quantité de ressources informatiques, limiter l'arrivée d'une obsolescence et communiquer facilement avec le plus grand nombre.
Enfin, Pascal Courtois, Sven Grothe, Florian Guillanton et Arnaud Lévy font un retour d'expérience de site écoconçu. Plus que le produit en lui même, ces 4 conférenciers parlent de l'engagement politique et social que peut être l'écoconception. Plein d'espoir, ils contribuent tous à leur façon à l'amélioration du paysage numérique.
Pour conclure cette journée de conférence, ce sont Aurélie Baton, Anne Faubry et Mellie La Roque qui prennent la parole. Elles font un état des lieu de la façon dont on perçoit l'écoconception aujourd'hui et l'évolution de l'association des Designers Éthiques. Elles nous expliquent également comment nous allons pouvoir imaginer le futur, et comment les designers peuvent influencer leur entreprise à écoconcevoir de plus en plus souvent leur produit.
Quelle journée inspirante ! Cela me donne vraiment envie d'écoconcevoir plus, de m'engager de façon plus drastique pour un avenir numérique propre et beau.
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